L’énergie est un des domaines où il est tentant de proposer des alternatives, voire des politiques, qui impliquent des changements profonds d’usage et d’utilisation. On a évoqué par exemple des taxes carbones sur le chauffage et l’électricité, une taxe sur les carburants (cfr les Gilets jaunes) ou encore l’encouragement de technologies bas carbone comme peuvent l’être les voitures électriques ou les panneaux solaires. Toutes ces mesures se heurtent à un argument de poids si l’on veut que l’aspect social soit déterminant dans les inévitables décisions environnementales à prendre : elles ont toutes un effet négatif pour les personnes aux bas revenus. Comment en effet pouvoir supporter un chauffage plus cher lorsque son logement est une vraie passoire ? Et ça va donner quoi, un logement passoire sur une planète étuve ?
Ce n’est pas tenable. Il nous faut ouvrir d’autres pistes. A Rendre Visible l’Invisible, nous ne parlons pas seulement de mener campagne pour une rénovation thermique du bâti qui serait accessible aux plus pauvres (certains exemples en cours montrent que c’est en effet assez loin d’être le cas) mais nous débattons aussi d’une « carte carbone » qui mettrait tout citoyen à égalité devant sa consommation de chauffage, son emploi de la voiture ou ses voyages en avion. Une piste où, pour une fois, les plus pauvres seraient gagnants.
Mais nous ne faisons pas que cela. Nous passons également au crible du climat les 14 mesures déterminées par les participant.e.s au Front RVI. Par exemple, la défense du statut de cohabitant et le combat pour l’individualisation des droits est envisagée du point de vue de coût-bénéfice en matière environnementale. Vaut-il mieux avoir une chaudière pour quatre ou cinq personnes vivant sous le même toit que quatre ou cinq chaudières dans des logements individuels ? Si des allocataires pouvaient vivre ensemble ou avec d’autres personnes, ce serait un bénéfice pour tout le monde.
C’est cela pour nous prendre le climat par le bout du social.